Au-delà du jeu de mots évoqué par son titre (l’internet des objets / L’Objet de l’Internet), les artistes tentent de faire glisser dans la matière et la concrétude un concept qu’on associe généralement aux communautés en ligne dans l’espace virtuel, présentant sous une forme allégorique certaines propriété des médias sociaux.
La pièce peut être vue comme une inversion du concept de Dreammachine développé par Brion Gysin. À l’origine, la conception de cette pièce optique hallucinogène faisait en sorte que les utilisateurs étaient placés autour d’un cylindre rotatif lumineux et perforé. Avec l’Objet de l’Internet, l’utilisateur est plutôt central et entouré d’éléments lumineux et cinétique. Un telle disposition permet aux artistes d’incarner hors du web un de ses concepts iconique, l’égo-portrait. En s’intéressant à l’accroissement de la commodification du ‘soi’ au sein de la culture hypermédiatique, les artistes portent un regard critique sur les ratées qu’ont connu les rêves utopiques portés par les partisans de la cyberculture tels Gysin et Burroughs.
Une citation de Carmen Hermosillo accompagne la pièce. Poète, blogueuse et pionnière de l’internet social, celle-ci déclarait déjà en 1994 : “I have seen many people spill their guts on–line, and I did so myself until, at last, I began to see that I had commodified myself.” Même si l’installation ne reproduit pas directement cette sensation précise de déshumanisation, les artistes ont cherché à troubler chez le visiteur un élément intimement associé à son identité, c’est à dire son propre reflet. L’image du visage se trouve fragmentée, déconstruite pour ensuite être la source d’une structure abstraite et inhumaine. L’expérience finale est ressentie en quelque sorte comme une petite mort pointant vers la possible vacuité de l’existence “en ligne”.
Idée originale et conception
Simon Laroche
Etienne Grenier
Documentation photo et vidéo
Projet EVA
Remerciements
Normand Gauthier
Raphaël Demers
Fablab du PEC
Nathalie Bachand
Eastern Bloc